
Photographie : © Pierre Ferrandis
Aluminium Art
La matière grise est matière à réflexion
Michèle-Amélie Favre (alias Sensartistik) définit sa pratique artistique par son travail de l'aluminium, un métal dont la brillance, la légèreté et la malléabilité lui confèrent un champ d'exploration exceptionnel sous différentes facettes, de la plus fine feuille à la matière brute solide, avec une recherche constante d’innovation qui la caractérise. Un matériau de prédilection qu'elle a sélectionné par amour des diversités de la plastique offertes mais aussi en raison de ses racines savoyardes du côté de la Maurienne, la vallée de l'aluminium : se reconnecter à la matière participe à s'enraciner au contact du matériau travaillé et sculpté.
Ayant débuté sa carrière artistique par la photographie qu'elle poursuit, son approche abstraite et minimaliste ainsi que sa quête permanente de la lumière et du mouvement se retrouvent dans ses oeuvres en aluminium dont certaines révèlent des reflets flamboyants de la peinture sur le métal. De plus, sa technique de froissage de la matière apporte à la fois une densité et des reliefs uniques, convoquant un second niveau de lecture et d'observation de l'oeuvre en usant de l'oeil photographique : en zoomant sur des détails à l'aide d'un appareil, en prenant le temps de regarder attentivement, la digression et l'imagination opèrent pour voir apparaître des formes qu'à l'oeil nu nul n'aurait vu. Illusions ? L'artiste, influencée par l'art optique et l'art cinétique, entraîne le public dans un voyage hypnotique par une oeuvre transformatrice. "Transformer la matière participe à un travail de transformation de soi qui, par extension, transforme la personne qui s'approprie l'oeuvre en la regardant attentivement."
"Artiste, elle ne cesse de dé-coïncider : ne s’installe pas, s’écarte d’elle-même, remet son œuvre en travail, en chantier. Ses œuvres mêmes sont des exercices de décoïncidence : apprendre à voir autrement, en se déplaçant, dans l’attention aux reflets colorés de l’alu. L’art promeut une liberté comme capacité d’initiative et vient rouvrir des possibles. C’est aujourd’hui nécessaire, et urgent. Ouvrir un écart dans sa pensée comme dans sa vie : n’est-ce pas cela, vivre ? L’art seul, peut-être, permet de se dégager de ce qui nous étouffe et nous plombe, ouvrant accès à l’inouï de vivre."
Pascal David - docteur en philosophie
